mardi 20 mars 2007

Les adieux de Jacques


Je ne pouvais pas faire autrement. Il fallait que je revienne sur le départ de Chirac et sur la soirée spéciale que TF1 y consacrait.
Tout était entendu, préparé, bien huilé. Les français avaient été assommés une semaine durant par la pub de l'évènement, au dénouement courut d'avance.
Le discours de ses adieux fut lu avec conviction (en 10 min chrono). Cela rapellait un peu les discours de voeux, prononcés chaque année de la même façon, si ennuyeuse, annonçant à la France une joyeuse nuit de réveillon, ou quelques 500 voitures crameraient dans la bonne humeur.
Après celà, quelques personnalités politiques étaient invitées à réagir à la déclaration de M. Prompteur. Il était impossible de ne pas y adjoindre "le méchant" Le Pen.
Là aussi, du convenu. Du respect. Des interventions "lisses", "dignes", des prétendants à la couronne. Sego et Bayrou ont parfaitement joué leur rôle en respectant la "séquence émotion" habilement mise en scène par TF1. (on sent que l'expérience Real tv paye).
Après l'intervention ennuyeuse de Raffarin, Claire Chazal donne la parole à Le Pen, en direct de Lyon.
Ce dernier taillera en pièce durant la minute qui suit le président sortant, avec sa verve habituelle et ses mots qui font si mal. Il était amusant de voir les têtes des trois autres invités. Un Raffarin égal à lui même, une Ségo qui ne se départit pas un instant de son incroyable sourire de gourdasse inexistante, et un Bayrou touché, qui désaprouve, sourire forcé aux lèvres.
Les attaques ont fait mal. Le Pen, le seul à ne pas être entravé par les "règles" de bienscéance, carcan du système, a parlé juste. "Pas un des candidats de sa propre majorité ne se réclame aujourd'hui de lui". Et vlan! A méditer, messieurs Bayrou et Sarkozy.
"Tout le monde lui rend hommage", l'a coupé Claire Chazal, comme pour lui dire, faites un effort, au moins ce soir!
Eh bien non, "ça n'a aucune importance", a rétorqué Le Pen. Comment le contredire? Ces envois de fleurs convenus aux heures de grande écoute sont si grotesques et ennuyeux...
Ce n'est pas ça que le peuple attend. Ce n'est pas que Chirac se "gargarise d'un certain nombre de formules creuses", ce qu'il fait si bien!
Quand au bilan de Chirac ("supermenteur, corrompu modèle"), jugé "plus mauvais président de l'histoire de la république française", il ne fut pas épargné. Résumant en quelques mots l'étendue du désastre, ce dont Chirac s'est déclaré "fier"(!), Le Pen a remis le doigt la ou ça faisait mal... L'école, la dette, le chomage, la précarité, l'armée, etc.
Et de conclure, superbement, "Mon Dieu, que Dieu lui pardonne!"
Cette intervention martiale, magistrale, a démontré de façon éclatante une réalité. Le Pen, l'homme libre, à la franchise indéboulonable, ne fait pas partie de ceux là, de ceux du système, et ne se pliera jamais à leurs courbettes hypocrites. Diriger la nation, c'est être vrai. Une fois encore, démonstration est faite. Ce soir là, le Pen sentait le vrai, et les autres sentaient sacrément le moisi.