samedi 17 mars 2007

Diabolisation




Lors de mes deux précédents articles, j'évoquais le cas Dieudonné et la fin probable de la diabolisation de Le Pen. Ce phénomène fréquent mérite qu'on s'y attarde. Je prendrai trois exemples de "diabolisés" qui me tiennent à coeur, et tenterai d'analyser le phénomène. Il en ressort que la diabolisation comprend trois grandes phases.


Phase 1: S'imposer.


Quelques phrases ou actes "chocs" suffisent souvent pour se faire remarquer, dans une société ou vous n'avez pas votre place. Ce fut le "détail" pour Le Pen, la fameuse couverture de l'album Herzeleid pour Rammstein, ou la publicité faite autour de la barbarie pour le Freefight. Le processus est donc lancé. On s'indigne, ici ou là, on reprend les propos, on accuse, on condamne. Ca prend vite.

Il y a des idiots qui pensent vous combattre, et qui vous rendent en fait le plus grand des services. Les marges dans lesquelles vous êtes propulsés fascinent et attirent, inutile de le démontrer (Tueurs en série, satanistes...).

Les Stakhanov de l'anti- Le Pen (dédicace au SCALP, Ras l'front, et les autres) reprennent sans jamais vérifier des informations douteuses et les répercutent partout. Ce ramassis d'anti-informations sont ensuite relayées avec complaisance par les grands médias. Difficile de s'y retrouvrer et de connaître la vérité. Dans le flou, les diabolisés progressent, d'abord grâce aux diaboliseurs et à ceux qui adhèrent au mouvement en croyant sur parole la diabolisation. J'ai rencontré un nombre incroyable de néo nazis adorant Rammstein ou Le Pen..

Le Freefight est dans cette première phase. Il se répand contre le gré du système (CSA) et malgré l'interdiction (qui le renforce). Il convient de stratégiquement entretenir le flou et le mythe pour accentuer sa propre prise d'importance. Le talent est évidemment nécessaire, et ni Le Pen ni Rammstein n'en manquent.


Phase 2: Grimper jusqu'aux limiltes.


Cette phase symbolise une première acceptation par la société. Toujours diabolisé, certes, mais important. Le Pen est à la fin de cette phase. La fameuse barrière "blocage" de la diabolisation était symbolisée par ses 15% qu'il mettra du temps à franchir. Maintenant, il grignote petit à petit, au fur et à mesure que la diabolisation tombe.
Cette lepénisation se fait difficilement. Il faut briser les contre vérités biaisant le débat, d'autant plus qu'on a auparavant laissé planer le doute, uniquement pour profiter de la publicité. (Mieux vaux une mauvaise publicité que pas du tout). Ce qui aide à franchir cette deuxième phase est la perte de crédibilité des diaboliseurs.
Quand on traite Sarkozy de fasciste, ou qu'on emploi cette même insulte suprême (la meilleure des diabolisations) à tour de bras, elle perd toute sa valeur symbolique. Beucoup de gens croient encore (sans savoir) pertinement au mythe du Le Pen fasciste. Le travail de dédiabolisation en vue de l'acceptation est donc lent et difficile.


Phase 3: Accéder à la reconnaissance.


Cette dernière phase est la phase d'acceptation (presque) totale. Rammstein à atteint cette phase, et les diaboliseurs (il en est encore quelques uns) sont maintenant eux mêmes dans les marges, et n'ont plus aucun écho.
Le groupe s'est imposé dans le paysage musical, ce qui n'est pas le cas du métal dans la société (encore très marginalisé, contrairement au rap, que l'on a sciemment imposé.) Le jour ou Le Pen sera dans cette phase, il pourra être élu.

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